En 1996, l’administration a recensé un pic à 71 suicides. En 2014, c’est 55 cas qui ont été dénombrés.
France Police prend ces chiffres au conditionnel avec des pincettes. En effet, comme les statistiques de victimes de la route, les méthodes de recensement utilisées peuvent conduire à minorer la réalité du phénomène.
En outre, l’administration n’a jamais donné un sentiment de grande transparence sur le sujet. Pire, les pouvoirs publics ont imposé une forme d’omerta durant des années, arguant qu’aborder le problème encouragerait le passage à l’acte des collègues les plus fragiles.
Quoi qu’il en soit, 39 suicides auraient déjà été comptabilisés depuis le 1er janvier 2017.
Sur les 25 dernières années, le taux de suicides au sein de notre profession serait trois fois plus élevé que dans la population générale et l’arme de service aurait été utilisée dans 50% des passages à l’acte.
Que nous révèlent ces statistiques ?
1° Il existe bien un lien de causalité entre notre profession et un taux de suicides trois fois plus élevé que dans le reste de la population.
2° Les suicides ne sont pas une nouveauté, la statistique de l’année 1996 en témoigne.
3° L’action de l’administration et des syndicats de police depuis 25 ans a été sans effet sur la problématique. Zéro pointé.
Quelles sont les causes conduisant un policier à se supprimer ?
Sans faire de psychologie de comptoir, on retiendra globalement trois éléments clés :
1° Majoritairement, les policiers ne sont pas heureux au travail (management, ambiance, affectations, missions, reconnaissance, perspectives de carrière..).
2° Le métier de policier est incompatible avec la vie de famille (cycles horaires, travail de nuit, travail le week-end, heures supplémentaires, difficultés de poser des congés en périodes scolaires, permanences, astreintes..).
3° Le contact permanent avec des populations difficiles (criminels, délinquants, toxicomanes, personnes atteintes de troubles psychiques, marginaux, SDF) et le contact régulier avec la mort (accidents mortels, suicides, homicides, autopsies) nuisent à la bonne santé morale des policiers.
Quoi qu’en dise notre administration, les suicides de collègues sont quasiment tous liés soit à des problèmes familiaux engendrés par notre métier soit à des Burn-out (syndrome d’épuisement professionnel).
Le plan de prévention des suicides mis en place sous Bernard Cazeneuve en janvier 2015 s’est concentré à renforcer le Service de Soutien Psychologique Opérationnel et à encourager les fonctionnaires à déposer leur arme en fin de service (lorsque cela est possible..).
Cela fait maintenant 25 ans que les politiciens nous enfument en proposant des mesurettes face à un enjeu de santé publique majeur. Les pouvoirs publics ne sont pas à la hauteur. Et que dire de nos syndicats majoritaires ?
Mais il est tellement plus facile de recruter 7 psychologues supplémentaires pour 120.000 fonctionnaires que de réformer en profondeur une Institution malheureusement incapable de faire sa propre auto-critique..
Surtout pas de vague..