Violences policières au Tribunal de Paris : lettre ouverte au Ministre de l’Intérieur

violences policières

Monsieur Le Ministre de l’Intérieur,

Un montage vidéo de 5’56, présenté initialement comme le passage à tabac d’un migrant par un fonctionnaire de police, a été très largement relayé par les médias ces dernières heures.

Dès que vous avez eu connaissance des images, vous avez immédiatement condamné les agissements du policier et suspendu notre collègue.

Première manipulation dans cette affaire : le migrant n’en est pas un. Il s’agissait d’un délinquant de droit commun en attente de jugement en comparution immédiate.

Seconde manipulation : le détenu est systématiquement présenté comme victime de violences policières sans qu’il soit fait mention que ce prévenu s’est rebellé contre le policier en refusant de réintégrer sa cellule, qu’il a porté des coups de pieds à notre collègue et l’a empêché de refermer la porte de la cellule.

Notre organisation syndicale ne conteste pas la commission de quelques violences policières illégitimes et vous êtes parfaitement dans votre rôle de les condamner. Mais les faits ne doivent pas être sortis de leur contexte. La première victime, c’est bien notre collègue.

A la Genèse, c’est bien le prévenu qui se rebelle et porte les premiers coups au collègue. Pas l’inverse.

Oui, le collègue a ensuite craqué. Mais pourquoi ?

Que faisait ce policier tout seul pour gérer le détenu, collègue stagiaire de surcroît, donc sans réelle expérience professionnelle ?

Allez-vous demander un audit pour évaluer les conditions et méthodes de travail au sein du service incriminé ?

Le rapport du Sénat sur l’état de notre sécurité intérieure, rendu public ce mois-ci, ne vous aura pas échappé.

Les conditions d’exercice de notre profession ne sont plus acceptables et favorisent ce type de dérapages comme le souligne les Parlementaires eux-mêmes.

In fine, le prévenu a-t-il été lui aussi poursuivi pour rébellion et violence sur notre collègue ? Nous souhaiterions le savoir.

Car les images sont formelles, le prévenu a porté des coups de pieds au collègue et s’est rebellé. Si bande son il y avait eu, on aurait certainement pu entendre également insultes et menaces de la part du détenu.

Au bilan : garde à vue prolongée pour le collègue, mise en examen et placement sous contrôle judiciaire avec lynchage médiatique en bonus.

Pourrait-on connaître l’ITT prescrite au détenu dans cette affaire, à condition qu’ITT il y a eu ? Point besoin d’ITT me répondrez-vous pour que ces faits soient délictuels. Certes.

Mais si le policier n’avait pas été policier, il n’est pas certain qu’une telle altercation entre particuliers se soit retrouvée en délibéré devant un simple tribunal de police. Classement sans suite ou vertical pour le commun des mortels mais double peine encore et toujours pour le policier.

Selon le site internet la-bas.org ayant diffusé le montage vidéo, c’est un policier qui aurait transmis la vidéo pour dénoncer les agissements du collègue. Un lanceur d’alerte peut-être ?

Notre syndicat apprécierait que ce « collègue lanceur d’alerte » soit rapidement identifié et lui aussi suspendu. En effet, s’il voulait dénoncer, un rapport sous couvert de la voie hiérarchique était la procédure à suivre.

Après la grossière manipulation orchestrée autour de la pseudo affaire Théo, France Police – Policiers en colère aurait apprécié un traitement médiatique et politique des faits plus objectif.

Fournir une information exacte et précise à l’opinion publique est un signe de bonne santé démocratique.

Certain de votre volonté à défendre sans faille notre Institution et ses personnels, recevez, Monsieur Le Ministre de l’Intérieur, mes salutations les plus cordiales.

Michel Thooris, secrétaire général du syndicat France Police – Policiers en colère