Incroyable scandale à l’examen de brigadier-major : les gradés de la police nationale totalement cocufiés par le gouvernement ! Lettre ouverte du syndicat France Police au ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.

Monsieur Le Ministre de l’Intérieur,

La baisse du niveau de recrutement des gardiens de la paix inquiète. Des candidats sont désormais admis avec une note de 8/20, bien inférieure à la moyenne.

Nous payons aujourd’hui au prix fort la politique conduite par votre prédécesseur Nicolas Sarkozy qui a supprimé près de 10.000 postes de policiers et de gendarmes entre 2007 et 2012.

Le manque de personnels au sein des unités de police et de gendarmerie nuit gravement à la qualité du service public et oblige mes collègues à bâcler des dossiers qui mériteraient pourtant qu’on y accorde davantage de temps.

Suite à la suppression de leur grade imposée par votre réforme, les brigadiers vont se voir offrir le galon de chef sans devoir passer un examen.

Jusqu’à présent, pour obtenir le grade de chef, il fallait subir un véritable parcours du combattant avec un stage de management de 2 semaines et, surtout, l’obtention de deux unités de valeur où la sélection était drastique.

Une fois les deux précieuses unités de valeur obtenues, les collègues attendaient parfois 10 ans avant d’être nommés avec une obligation de mobilité.

Des collègues affectés en province ont dû abandonner femme et enfants pour retourner en Île-de-France prendre leur galon de chef. Ils ont ensuite été contraints d’attendre des années avant de pouvoir retourner exercer en province. Certains ne sont d’ailleurs jamais rentrés chez eux et ont fini leur carrière en région parisienne, loin de leurs familles.

Avec votre réforme, Monsieur Le Ministre, si vous faites effectivement cadeau du galon de chef aux actuels brigadiers, votre gouvernement ne rase pas gratis.

En effet, notre organisation syndicale n’est pas dupe de la manœuvre. La facture de votre réforme va être payée contre monnaie sonnante et trébuchante par les gardiens de la paix et les actuels brigadiers-chefs canal historique.

Les voies d’avancement pour les fonctionnaires appartenant à ces deux grades sont désormais totalement bouchées.

Depuis quelques heures, stupeur et consternation se sont emparées des brigadiers-chefs. En effet, tous nos collègues ayant passé l’examen pour devenir majors, viennent d’être recalés. Et pour cause ! Le niveau de recrutement a été fixé à la note minimale de 19,5 sur 20 de moyenne. Un niveau de notation qu’on exige nulle part ailleurs, même pas dans les plus grandes écoles de la République française !

Votre réforme, Monsieur Le Ministre, entraîne une rupture d’égalité entre les fonctionnaires qui sont devenus chefs au mérite et ceux à qui on offre opportunément le galon à quelques semaines des élections professionnelles.

Pire, c’est la double peine pour les brigadiers-chefs canal historique puisque pour rembourser le coût de votre réforme, l’avancement au grade de major leur est désormais quasiment gelé.

Combien d’années va devoir désormais attendre un gardien de la paix pour prendre le galon de chef ? Et combien de décennies va devoir patienter un brigadier-chef pour prendre son galon de major ?

Quelle place tient la méritocratie républicaine dans votre réforme ?

Monsieur Le Ministre de l’Intérieur, la police nationale ne se gère pas comme une entreprise du CAC 40. Notre Institution, vieille de plus d’un siècle, a ses coutumes et ses traditions et la méritocratie en fait partie intégrante.

C’est au nom de cette méritocratie et dans le souci de ne pas créer de rupture d’égalité ou de fracture au sein de notre grande famille que vous voudrez bien offrir le grade de major à l’intégralité des brigadiers-chefs canal historique comme vous le faites pour les actuels brigadiers.

Il va de soi que votre administration doit également prendre des engagements clairs et s’engager sur la base d’un calendrier précis à ne pas bloquer la voie d’avancement au grade de chef pour les actuels gardiens de la paix.

En outre, mon organisation syndicale souhaite une harmonisation relativement aux voies d’avancement. Pourquoi les gradés et gardiens de la paix doivent-ils passer des examens professionnels avec une moyenne de 19,5/20 pour évoluer dans leur carrière lorsque dans le même temps l’avancement des commissaires et des officiers du corps de commandement est automatique ?

Vous comprendrez, Monsieur Le Ministre de l’Intérieur, que nombre de nos collègues du corps d’encadrement et d’application de la police nationale et notamment les brigadiers-chefs canal historique, ont l’impression d’être les dindons de la farce.

Comptant sur votre lucidité et votre attachement à la méritocratie républicaine, notre syndicat vous propose d’entamer une négociation sérieuse sur le sujet. En tant que partenaire social, nous avons à cœur de continuer à faire vivre au sein de la fonction publique de l’État, les valeurs de mérite, d’équité et de justice.

Recevez, Monsieur Le Ministre de l’Intérieur Darmanin, l’expression de mon profond respect républicain ainsi que mes chaleureuses et cordiales salutations.

Michel THOORIS, secrétaire général du syndicat France Police – Policiers en colère – Touche pas à mon flic.