
Vendredi 25 octobre, à Lorient, nous avons frôlé le pire dans nos rangs, trois policiers ont été blessés par un individu armé d’un sabre qui leur a assené plusieurs coups alors qu’ils tentaient en vain de le maîtriser avec leur pistolet à impulsion électrique, fort heureusement celui-ci acculé s’est fait interpeller.
Une nouvelle fois, cette situation nous démontre que de nombreux policiers sont prêts à risquer leur vie, s’interdisant de faire usage de leur arme administrative, au risque de se voir condamner, lorsqu’ils font face à un individu dangereux les menaçant, préférant perdre la vie plutôt que de le neutraliser en le blessant gravement ou mortellement.
Les policiers aujourd’hui plus que jamais sont confrontés à une augmentation de la violence à leur encontre, une augmentation de l’insécurité, des crimes et délits commis par des individus déterminés et sans limite. Mais au-delà de l’insécurité physique s’ajoute l’insécurité juridique pour les représentants des forces de l’ordre qui, systématiquement seront poursuivis, comme des « criminels », au vrai sens du terme juridique.
Les policiers sont soumis à un cadre juridique insuffisamment protecteur, identique à celui d’un « citoyen ordinaire » qui n’aura vraisemblablement jamais, tout au long de sa vie, à faire usage de la légitime défense a contrario des forces de sécurité, qui vont être quasi quotidiennement confrontés à des situations de violences parfois extrêmes pour lesquelles ils sont missionnés par l’Etat, sans qu’aucune garantie supplémentaire ne leur soit accordée autre que celle de tout un chacun.
Doit-on rappeler que les forces de sécurité sont « le dernier rempart » face à des agressions, des attaques et des assauts auxquels personne ne veut être confronté et n’est en mesure d’endiguer. Pour cela elles ont besoin d’obtenir un soutien indéfectible du législateur qui se traduirait par une adaptation du cadre de la légitime défense prévoyant une spécificité propre au métier des forces de l’ordre ainsi que la modification du code de la sécurité intérieure qui doivent toutes deux assurer davantage de garanties, notamment juridiques, plus protectrices lorsqu’ils interviennent. Pour ce faire la garde à vue des FDO doit être l’exception, l’anonymat des agents intervenants doit être garantie pour assurer leur sécurité et celle de leur famille, la qualification quasi systématique d’homicide volontaire ou involontaire à l’encontre des policiers ou des gendarmes qui interviennent en service doit être modifiée, en effet cette qualification judiciaire est inadaptée et dévastatrice, elle nécessite une réflexion profonde pour qualifier différemment l’acte d’un agent des forces publiques en mission.
Nous dénonçons le poncif utilisé par une partie de la classe médiatique, intellectuelle, politique et parfois syndicale qui consiste systématiquement à louer le sang froid des policiers suite à une intervention, dès lors qu’il n’est pas fait usage de leurs armes, quand bien même leur vie est menacée préférant la sacrifier au profit de leur bourreau.
Nous regrettons que les policiers ne puissent être honorés et considérés comme des héros que lorsqu’ils perdent la vie mais jamais lorsqu’ils survivent à des tentatives de meurtre à leur encontre, quelle qu’en soit l’issue pour leur agresseur.
- Qu’en aurait-il été si le policier au sol à Lorient avait fait usage de son arme alors que sa vie était menacée face à un sabre brandi ? Les « sachants » lui auraient-ils reproché d’avoir perdu son sang froid?
- Qu’en est il des policiers qui, par le passé, ont fait usage de leurs armes pour sauver la vie d’autrui ou la leur? Seraient-ils eux aussi suspectés d’avoir manqué de sang froid?
- Ce message induit particulièrement chez les jeunes recrues de la police et de la gendarmerie, une crainte, une appréhension à l’usage de l’arme, renforcée par un manque criant de formation continue tout au long de leur carrière, notamment en matière de tir (arme létale, taser, flashball, LBD…) mais aussi et plus encore concernant la formation aux techniques et à la sécurité en intervention qui fait défaut et met en danger les policiers mais occasionne de nombreuses blessures parmi les agents intervenants.
Nous souffrons depuis des années d’une hypocrisie générale qui consiste à ne pas vouloir voir la réalité en face et laisser croire au grand public que les policiers sont courageux dès lors qu’ils ne font pas usage de l’arme administrative quand bien même ils sont agressés, violentés menacés de mort. La réalité est toute autre, les forces de l’ordre font la preuve d’un sang-froid exemplaire quotidiennement à chaque intervention mais ils « crèvent » de la crainte et de la peur d’utiliser un jour leur arme, face à une menace de mort immédiate (refus d’obtempérer suivi de tentative d’homicide, jets de cocktail molotov, mortiers d’artifice, incendie criminel, tirs par arme à feux, guets apens en réunion, attaques au couteau, etc…) et des conséquences dramatiques juridiques, administratives que cela aurait pour eux.
Messieurs, Mesdames, prenez vos responsabilités!!! Ne laissez pas la peur s’installer dans les rangs de la police, des FDO, au profit des délinquants et des criminels.
