Pourquoi les délinquants s’arrêteraient-ils lors des contrôles de police ???

Le refus d’obtempérer suivi de la mise en danger d’autrui et la tentative d’homicide devenus une banalité au point que plus personne ne s’étonne du comportement des délinquants, prêts à percuter en voiture des policiers et des gendarmes afin de fuir un contrôle au risque de les laisser pour morts ou handicapés.

  • Lundi 4 novembre 2024, tribunal de Nice, libération de 4 narcotrafiquants interpellés lors d’un go-fast après avoir tenté de fuir le contrôle en percutant 2 véhicules de la BRI, blessant 1 policier et malgré la détention d’une quantité importante de stupéfiants et une grosse somme d’argent liquide.
  • Jeudi 7 novembre 2024, tribunal de Bobigny, condamnation de 2 policiers à 4 ans de prison avec sursis et interdiction définitive d’exercer. En 2021, ceux-ci avaient utilisé leurs armes administratives après que le chauffard ait tenté de prendre la fuite mettant de fait, la vie des policiers intervenants en danger, mais aussi celle de sa passagère. Neutralisé, le fuyard sera grièvement blessé, malheureusement sa passagère aussi. Durant le procès, les deux policiers n’auront cessé de rappeler qu’ils avaient considéré que leur vie était en danger, en vain. La présidente du tribunal leur demandera : « Est-ce qu’il n’aurait pas mieux valu laisser partir le véhicule ? ».

Peut-être doit-on désormais, tous ensemble, personnels de la police et gendarmes, s’interroger sur la pertinence de cette « question », qui vient certes se confronter aux valeurs et aux motivations de notre engagement à tous dans les forces de sécurité. Mais puisqu’il n’est pas possible d’interroger le fonctionnement de la justice et que nous n’y sommes pas autorisés, ne doit-on pas en effet laisser partir les véhicules en fuite ? Et poursuivant cette logique ou cette théorie, pourquoi ne pas l’élargir à l’ensemble des délinquants et des voyous. Ne devrions-nous pas aussi les laisser partir lorsqu’ils n’obtempèrent pas afin de ne pas les exposer à un risque de blessures ?

Cette « idée lumineuse » a néanmoins un inconvénient, celui d’être punitif uniquement à l’égard des honnêtes gens, des conducteurs qui auront fait le choix d’obtempérer et d’obéir aux injonctions des FDO lors d’un contrôle alors qu’ils auront commis une infraction mineure, laissant en revanche circuler les plus dangereux à bord d’un véhicule, parfois sans permis et sans assurance, alcoolisés, « camés », « chargés », armés ou encore recherchés, peut-être même à bord d’un véhicule volé ayant servi à braquer un véhicule de la pénitentiaire, à kidnapper un enfant dans une maternité ou à « rapter » une jeune fille que l’on retrouvera morte comme cela est trop souvent le cas.

Mais en effet Madame la Présidente, à quoi bon arrêter un véhicule en fuite ??? Ne vaut-il pas mieux le laisser partir ?

Cela aurait l’avantage de nous épargner à coup sûr le risque d’un procès, d’une condamnation, d’une détention ou d’une révocation. Cela nous éviterait le risque de finir handicapé parce que renversé, brûlé ou molesté, cela pourrait épargner aussi la souffrance de nos familles et de nos enfants, mieux encore cela pourrait nous éviter la mort comme notre collègue COMYN, gendarme tué à Mougins le 26 août 2024 par un chauffard, 10 fois condamné et laissé libre, certainement encore pour de bonnes raisons.

Nous voyons aujourd’hui une nouvelle fois que le cadre légal de la légitime défense en l’état tout comme celui de l’article 435-1 du code de la sécurité intérieure sont insuffisants et laissent les policiers et les gendarmes désarmés juridiquement face à des voyous et des criminels de plus en plus violents, sans limites et prêts à tout.

Nous en appelons aux législateurs pour protéger davantage les forces de sécurité et renforcer le cadre légal en cas de riposte, physique ou armée, durant une mission de police face à une attaque ou une menace sérieuse susceptible d’attenter à leur intégrité physique ainsi que l’application systématique d’une peine plancher incompressible et ferme, ainsi seulement, le retour des valeurs opérera et les délinquants n’auront plus ce sentiment d’impunité et la certitude de n’avoir rien à perdre quelque soit leur choix face à des policiers qui eux ont tout à perdre quant à présent.